30/06/2012
Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre (1593-1654), Artemisia Gentileschi, Musée Maillol
Au risque de décevoir tout le monde et de paraître iconoclaste, ignorant ou même inculte, je ne crie pas au miracle devant la peinture d’Artemisia Gentileschi. Sans nier son art, ni même son génie en tant que femme à cette époque, ce n’est pas pour autant que l’on peut l’assimiler aux plus grands peintres de l’époque, dont, bien sûr, le Caravage.
Mais avant d’aller plus loin, regardons ensemble quelques tableaux.
Autoportrait, 1637 (à l’entrée de l’exposition, à droite) :
Jamais je ne l’aurai imaginé ainsi. Dommage, elle s’est ratée. Ronde, presque sévère, l’œil noir, la main lourde et disproportionnée. Mais j’exagère sans doute !
Le suicide de Lucrèce :
Lucrèce semble jouer un rôle. Elle est irréelle, l’air figé, en catharsis, comme une mauvaise comédienne. Passons !
Allégorie de la peinture, 1636 :
Belle peinture, belles couleurs, un tableau séduisant. Mais si l’on y regarde de plus près, on constate que le visage est tordu et les doigts malhabiles, ce qui est un comble pour un peintre.
Allégorie de la renommée, 1630-1635 :
Elle est belle, pour une fois, fine et d’allure aristocratique. Dommage que son œil droit diverge et soit plus fermé que le gauche. Quelle renommée a-t-elle pu avoir ?
Saint Jérôme :
Enfin, un vrai et beau tableau. Le vieil homme regarde le ciel, à la fois reposé et tendu, serein, mais interrogateur. Ce qui frappe, c’est son cou de vieillard, épais, ridé, enchanteur de réalisme plutôt que de beauté. Il est fort, peut-être un peu trop sur le devant, mais il donne à la tête qu’il soutient élégance, majesté et ascétisme.
Autoportrait au luth, 1617 :
Son visage reste lourdaud, le cou fort, le buste large. Elle a sans doute allongée ses doigts reposant sur les cordes du luth. Mais elle possède un petit air distingué qui donne à cet autoportrait meilleure allure que le premier.
Trois vierges à l’enfant (au 1er étage) :
La première (1610, à gauche) nous montre un enfant charmant, blond, fin, éveillé, mais une vierge au visage lourd, presque commun. La seconde (au milieu) est belle, maternelle, préoccupée de sa maternité et son enfant est naturel, peut-être un peu confit de son futur. La troisième (à droite) est noble, élégante, un peu plus sévère, mais l’enfant est figé, presqu’hagard.
Oui, malheureusement, la plupart des tableaux contiennent des erreurs de dessins assez grossières ; formes parfois disproportionnées, membres mal placés, yeux dissymétriques, visages presque tordues, bouches décalées. Par exemple, Sainte Catherine d’Alexandrie est belle, mais son œil droit, trop sombre, semble infirme et glauque, voire aveugle et sans direction.
La religieuse (1613-1618) a une bouche qui n’est pas en face du nez et qui est peinte de face alors que le reste du visage est légèrement tourné.
De plus, et sans doute est-ce dû à l’époque, les femmes sont bien en chair, trop certainement, telle Cléopâtre (1620-1625), courtaude, les membres ramassés, à défaut d’élongation. C’est une forme de beauté qui devait être sensible en ce temps-là.
Cependant, admirons cette artiste-femme qui, à son époque, a su se trouver une place parmi les grands de la peinture. De plus, malgré les défauts indiqués, sa peinture est belle en couleurs, en drapés, en évocations historiques, à l’instar des grands peintres de l’époque.
Félicitations, Artemisia !
08:27 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, exposition | Imprimer
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