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27/08/2023

Lassitude... Lassitude....

Réveil en un instant
Je me cherche dans le noir
Je me lève à moitié
Je cherche mes chaussures
Je les enfile en tâtant
Je ressens une piqure
Mais qu’y a-t-il donc qui te gêne ?

Je me lève sans rien sentir
Je marche vers mon bureau, précautionneusement 
Les bras en avant, la tête folle
Je me prends les pieds dans le tapis
M’étale bruyamment, sans bouger
Tu t’es fait mal, demande mon épouse
Non, non, ce n’est rien, répondis-je
Je me relève sans bruit
Et me dirige vers la porte
Je l’ouvre. Il fait noir
Je tends la main vers l’interrupteur
Rien… 
Mon Dieu, les plombs ont-ils sauté ?
J’entends un gémissement
Et je heurte un objet mou
Ah ! c’est toi, me dis-je

Mon Dieu, quelle misère
Je suis par terre, étendu
La jambe tordue
Quelqu’un me tend la main
Je la prends
Il tente de me relever, impossible
Ma main refuse tout contact
Je n’ai plus qu’un filet d’air dans la main gauche
Mais je perçois la main droite
Tenue par une poigne de fer
Je m’appuie dessus
Elle est froide, inerte
Pas un gramme de chaleur
Je dégage mon bras d’un mouvement de recul
Et j’entends ma voix me glisser
« Ah ! C’est toi ! »

« Mais qui est qui ? » me dis-je
Connais-tu quelqu’un d’autre dans ton intimité ?
Quelqu’un qui te parle alors que tous dorment 
Quelqu’un qui te dit tu et qui échange avec toi
Hello, c’est moi, celui qui t’accompagne à chaque instant
Celui qui lace tes chaussures tous les matins
Qui te contredit lorsque tu te parles à toi-même
Qui sans cesse encombre ton esprit de questions
Auxquelles tu ne peux répondre, trop intimes
Trop près de toi, trop semblables à toi
Vivant sous le même toit
Pensant comme toi et pourtant différent
Mais que fait-il dans ton lit à côté de toi 
Il t’empêche de dormir
Oui je suis là assoupi de ton sommeil
Comme si j’étais toi. 
Adieu, vieux camarade, quel sommeil 
Dors encore. Je te réveillerais tout à l’heure

Silence. 
Rien ne transparaît
La couverture te chatouille le nez
Ah, c’est vrai, je dors

Le silence du moi 
Plus rien ne te trouble
Dors bien...

25/08/2023

Attente

Dernier avis !
Il s’approcha pour lire :
« ici se ferme l’intelligible
Au- delà le chaos"
Les mots se mirent à danser
La folie l’envahit
Ses yeux se brouillèrent
Ses pieds tremblèrent
Il essuya son nez qui coulait
Il hurla de douleur
En se cognant la tête
L’estomac retourné
Il ne voyait plus
Il n’entendait plus rien
Il errait dans une sorte de couloir
Marchant les bras en avant
Tiens, il n’y a plus rien
Il avança un pied, puis le second
Et il chuta en criant
Il n’avait rien à quoi se raccrocher
Le noir complet
Son pied heurta un objet, dur et insaisissable
Le mot d’après était rude
Réveille-toi, ouvre tes yeux!

Il vit la jeune fille le regardant
Et lut l’incomparable beauté
Alors il ferma les yeux et attendit
Ce matin était son cinquantième jour d’attente
Peut-être celui de la délivrance

Il resta là et attend toujours
L’avis n’a jamais été prononcé…

23/08/2023

Reviens

Les mots sont comme les pigeons
Ils s’assemblent en causant
Ils se regardent et rient ensemble
Ou bien dissertent à qui mieux mieux

Il y a des pigeons parleurs
Qui devisent sans cesse
Roucoulant à fleur de peau

Il y a des pigeons curieux
Qui harcèlent leur partenaire
Voletant sans but autour de leur personne
Roucoulant jusqu’à leur départ

Il y a des pigeons indifférents
Sans un regard pour leur sosie
Ils rêvent d’air et de vent
Et laissent filer le cadeau
Qui leur est fait ce soir-là

Ils roucoulent ensemble
Perchés sur leur fil
Se balançant de concert
Et s’embrassent de leurs becs  

Puis, un jour, rien n’apparaît
Plus de pigeon ; plus de douceur
Plus de chaleur, plus de plumes
Le vide en soi.
Reviendront-ils ?