30/04/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (13)
– Romuald Caracuela mit au point son stratagème : faire croire à l’abondance de l’eau et prévenir la troupe de la garnison voisine pour qu’elle vienne attaquer les Chiliens. Il choisit deux enfants de douze ans, petits et débrouillards et leur expliqua ce qu’il attendait d’eux : passer dans les tuyaux d’arrivée d’eau, ressortir au-delà du village et marcher jusqu’au village suivant pour avertir le commandant de leur infortune. Attention, c’est à la sortie de la canalisation que tout se jouera, leur dit-il. Soit les chiliens ont laissé quelqu’un et dans ce cas, impossible de sortir, soit il n’y a personne. Pendant ce temps, leur dit-il, nous allons divertir nos assiégeants. Dans l’après-midi, Caracuela fit creuser un grand trou dans un lieu que les Chiliens pouvaient voir. Le soir venu, il rassembla les habitants du village auprès de l’excavation qu’il fit couvrir d’une bâche et remplir de toute l’eau qui restait. Ne fut gardé qu’un verre par personne. Certains protestèrent, l’un d’eux se révolta et voulut s’opposer par la force à cette décision. Il fut aussitôt emmené sur la place du village et passé par les armes. Plus personne ne résista. Alors, Caracuela se déshabilla et demanda aux habitants d’en faire autant. Et tous, nus comme des vers, hommes, femmes et enfants, ils se jetèrent dans le trou rempli d’eau comme s’il s’agissait d’une piscine où il faisait bon s’ébattre. Seuls les soldats sur les remparts ne participèrent pas à cet agréable délassement. Pendant ce temps, les deux jeunes garçons pénétraient dans la canalisation, marchant à quatre pattes. Ils mirent du temps pour atteindre la sortie. Arrivés près de celle-ci, prudemment, ils observèrent longuement les alentours et ne virent personne. Ils sortirent prudemment. Un soldat chilien qui n’avait jusqu’ici pas bougé, se dressa derrière un rocher. Il leur intima l’ordre de s’arrêter. Les deux garçons avaient convenu de se séparer s’ils étaient repérés. Ils coururent chacun dans une direction opposée. L’un d’eux fut malheureusement pris à parti par le soldat et, après trois coups de feu, fut abattu. L’autre avait déjà disparu. Le soldat eut beau courir derrière lui, il ne réussit pas à retrouver sa trace. Il revint alors vers le premier qui souffrait d’une balle dans la jambe. Il tenta de le faire parler afin de savoir ce qu’il faisait là. Il ne réussit pas à lui faire dire quoi que ce soit. Il le menaça de mort. Mais rien n’y fit. Il lui prit la jambe touchée et le traîna par terre en le faisant hurler de douleur. Rien. Aussi lui tira-t-il une balle dans la tête après l’avoir une nouvelle fois admonesté. L’autre enfant courait vers le village voisin qui se trouvait à vingt lieues. Dans la matinée, il arriva exténué en vue de la garnison et se présenta à la porte, demandant à voir le Lieutenant. Mis au courant celui-ci, aussitôt, fit préparer une expédition d’une cinquantaine d’hommes commandés par son meilleur adjudant major et leur donna l’ordre de marcher le plus vite possible vers Socaire pour faire fuir les Chiliens.
03:34 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bolivie, chili, désert, guerre | Imprimer
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