17/04/2015
L'art en creux 3
Dernière caractéristique de l’art contemporain, il met en scène la nouveauté. On peut tout faire à condition que ce soit innovant. Il ne s’agit plus d’aller au bout des idées, il s’agit d’aller au bout de l’art : un tableau d’une seule couleur est le summum du raffinement, une exposition qui ne montre rien fait rêver, un dessin d’enfant est plus artistique qu’un tableau de maître. L’inversion des aspirations artistiques devient la nouvelle normalité : l’idée même de la nouveauté est plus importante que la nouveauté exprimée au travers d’une œuvre. Enrobé d’un langage inintelligible, exaltant une idéologie de l’inédit, l’art devient un monde en soi, isolé du monde réel, magnifié par ses fans, soumis à l’exaltation de l’argent.
Alors si tu veux être artiste, consacre-toi à trouver ta nouveauté, ton style, ton idée originale, innove et tu seras entraîner vers les vertiges de la gloire. Peu importe ce que signifie cette nouveauté. Elle doit être originale, provocatrice et permettre de communiquer, un point c’est tout. Peu importe la beauté, ce n’est qu’un attribut accessoire.
Enfin, et pour ne pas médire sans cesse sur la dégénérescence de l’art, notons que dans certains cas, la représentation de certains aspects du monde moderne peut atteindre une certaine beauté : beauté de l’ambiance de certaines banlieues, beauté de certains sites industriels inutilisés, beauté de certains personnages ou de certaines attitudes. Certes, ceci est rare, mais néanmoins cela existe.
Au fond, c’est également au spectateur de trouver la beauté là où beaucoup ne voient que le laid, le vulgaire, l’immonde. C’est notre œil qui doit s’exercer à voir le beau quoi qu’il arrive. C’est une disposition intérieure qu’on oublie facilement, mais qui dépend de notre volonté, comme le bonheur. Alors, continuons à ouvrir les yeux sur ce que proposent les artistes, quels qu’ils soient, prenons de la hauteur, ne jugeons pas, laissons-nous porter par notre ressenti et laissons tomber tout ce qui ne nous élève pas.
07:11 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
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