24/01/2017
Sec
Il chercha longuement sa première phrase
Il fouilla dans les plis de sa mémoire
Mais rien ne vint. Sec. Il était sec.
Où sont donc passés ces transports
Qui vibrent dans la chair délaissée
Le lit de l’inspiration est désert
Quelques cailloux encore se dressent
Et suintent des mots sans consistance
Quelques grains de sable s’en vont
Entre les pierres entassées et muettes
Perdus à jamais dans l’océan bavard
Ils deviennent limon et couche
Au poète disparu qui se lamente
De la perte cruelle de son art
Revenir aux prémisses, à cet instant
Où le vide se remplit de douceur
De la phrase souhaitée, ronde
Qui lentement fond dans la bouche
Tel un bonbon amer et familier
Elle chatouille le palais rugueux
S’enfonce dans les souvenirs heureux
Et resurgit en gloire pour s’effilocher
En phrases hagardes et orphelines
Comme un pneu qui se dégonfle
Puis meurt à plat, à jamais, en pantoufles
Aujourd’hui encore il est sec
De vertus, d’inspiration, de délices verbeux
Meurs à toi-même et renais au plus haut
Dans les nuages de l’inconscience
Et de la dégringolade hurlante
© Loup Francart
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