Fanny (09/09/2016)

Verte Fanny, crie la jument bègue
Où cours-tu donc de si matin ?
Ne sais-tu pas que le colimaçon
Est jaune, visqueux et grelottant
A quoi sert cet esthète aux poils luisants
Qui souffle sur la lune tiède
Et étire son langage au fil de la nuit
Rien ne trouble le silence doré
D’un noir immense et sans vie
Qui s’ouvre sur le lac débordant
Des jours d’été, fluides et sveltes
Il n’y a rien qui ne s’envole
Au large des îles Paracel
Protégées par le vent ébouriffant
Et les embruns chatouillants
De la mer insaisissable et bleu
Comme l’assiette des marins
Rentre dans ta purée de poix
Regarde échevelée la main qui court
Sur l’ombre de la vie en fleur
Et qui pousse lentement son coude
Dans le vide qui casse net
Le rebord rouge de la table formiquée

Enfin…

Le ciel se fait plus gris, moins chaud
L’air s’engouffre dans la pièce racornie
Un souffle passe, lourd d’odeurs
Les premières lueurs s’ouvrent
Tu reprends ta place d’humain
Le cœur vierge, le corps souple
La tête sans poids, le pied adroit
Tu ouvres un œil paresseux
Car rien ne te permet de rêver
A Fanny, la belle sorcière effarouchée
Qui danse chaque nuit sans lune
Dans le vide étoilé du ventre de la terre

Pouah ! Quel éveil me presse…

©  Loup Francart

07:19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |  Imprimer