Still the water, un film de Naomi Kawase (23/11/2014)

Un film magnifique où le vent et l’eau sont des personnes au même titre que la jeune kyoko et son ami Kaito. Les dieux de la nature lient en effet la vie et la mort dans l’île d’Amami. La vie calme et tranquille de cette île du Japon y rend la vie heureuse et indolente. Les adolescents n’ont pas conscience de ce qu’est vraiment l’existence. Ils vont le long de la côte, montée sur un vélo, lui pédalant, Kyoko debout derrière lui, sur les cale-pieds de la roue arrière. Elle se baigne toute habillée dans la mer, plongeant loin sous la surface, ivre de profondeur. Mais l’eau va se déchaîner et le typhon va les faire passer de l’adolescence à l’âge adulte.

Kaito franchit une première étape : le désir et l’incompréhension, désir de Kyoko d’aimer Kaito et refus de celui-ci. Pourquoi ? Il a souffert du divorce de ses parents et de la vie dissolue de sa mère. La deuxième étape est la mort de la mère de Kyoto, une chamane qui ne devait pas mourir. C’est un instant très émouvant que cette mort douce où les gens de l’île viennent chanter et danser pour qu’elle parte heureuse.

Kyoko pleure le départ de sa mère pour le pays des dieux.

– Je n’aurai plus la chaleur de son corps, dit Kyoko.

– C’est vrai, mais pour remplacer la chaleur du corps il y a la chaleur du cœur, lui répond une femme.

– Ca ne suffit pas, répond Kyoko.

Et ailleurs, elle constate : « Pourquoi faut-il que les gens naissent et qu’ils meurent ? On ne comprend pas ».

Ces deux épreuves leur font prendre conscience du pas à franchir pour devenir adultes. Ils s’épanouissent, se reconnaissent et s’aiment en toute liberté. La dernière image, celle des deux affranchis qui plongent alors, nus, dans cet océan que Kaito craignait. La vie continue, toujours semblable, mais les corps et les âmes du couple ne sont plus les mêmes. Le typhon les a réveillés et les a aidés à passer la barrière du rêve de l’enfance à la réalité de l’âge adulte.

Oui, c’est un beau, très beau film ; sensible sans sensiblerie, frais sans niaiserie, d’une modernité nouvelle, autre, qui tient compte du passé et du présent et qui s’engage dans l’avenir sans crainte.

07:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, réalisatrice, vie, mort, beauté |  Imprimer