Destinée (30/07/2014)
Tu veux tout et tu n’as rien
Tu ne veux rien et tu as tout
Quelle différence ?
Tu n’as rien, qu’un corps, un esprit et une âme
Ton corps, tu le sais est vivant
Ton esprit te permet de l’apprécier
Il complote et agit
Ton âme, qu’est-elle ?
Elle flotte, invisible
Comme le parfum d’une jeune fille
Qui va prier le dimanche
Et peu à peu elle devient femme
Puis mère, puis mère de mère
Son âme grandit en douceur
Dans l’amour de ses enfants
Qui, eux-mêmes, prennent sa place
Mais cette âme est Une
Grandiose d’amour partagé
Immortelle de bonheur
Tu veux tout : la terre et le ciel
La voûte étoilée et le puit noir
Entre les deux, tu es
La nuit tu erres en imagination
Le jour tu agis de tout cœur
Entre les deux, tu dors
D’un sommeil lourd d’angoisse
Pour marquer ton territoire
Une ligne entre deux mondes
Comme un trait sur l’horizon
C’est tout ton avoir, un fil de soie tendu
Sur lequel tu trébuches à tout instant
Tu t’y accroches en chantant
Et le chant te délivre. Tu chavires…
Tu ne veux plus rien, même pas toi
Où es-tu dans cette immensité ?
Serais-tu ce grain de poussière
Qui colle à ma chaussure ?
Serais-tu cette lueur vague que je distingue
Dans la nuit chaude et bruyante
Comme un spectre lointain
Qui largue ses amarres et dérive
Dans l’étendue moite et collante ?
Serais-tu ce tapis déroulé
Sur l’ombre de mes sentiments
Qui leur donne cet air penché et bancal
Rien qu’un millilitre d’eau plate
Qui humidifie l’esprit et fait naître une âme
Une vapeur qui fuit au matin de la vie ?
Tu as tout : les murs et le vide
Contenu dans ce cocon douçâtre
Les murs se dressent
Entre la naissance et la mort
Epais de questions, sans hublot
Pas même un regard sur l’au-delà
Aveugle de naissance tu erres
Entre ces extrêmes dans un espace
De fumée odorante, sans visibilité
Dans un temps limité à la vie
Une, indivisible et enivrante…
Reste humble et laisse aller tes pas
Cette quête est ta vocation…
Trouve le trou, creuse-le
Et évade-toi, toi-même brouillard
Comme la vapeur s’échappe
De la bouilloire de tes pensées
La pression baisse, elle n’a plus de force
Elle est toujours colorée, aguichante
Elle fait miroiter des images, des rêves
Des faits et des vœux, la vie passe
Empreinte de terreur et de miel
Ton nuage s’élève. Il est si maigre
Que tu ne le vois plus
Mais tu es, entier, moins lourd
De tes caprices, de tes ambitions
Seul te retient encore l’espoir
D’une autre aventure, souriante
Puis, peut-être d’une autre
Jusqu’à la fin du cycle et le retour
Du rien dans le tout
Tu veux tout et tu n’as rien
Tu ne veux rien et tu as tout
Il n’y a pas de différence
Tu es, tout et rien
Ce rien est ton soutien
Ce tout est toi-même
Dans l’immensité de ta destinée
© Loup Francart
07:12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer