Maurice Estève, au salon du dessin 2013 (16/04/2013)
Manifestation de renommée internationale, ce salon rassemble galeristes français et étrangers, experts, collectionneurs, amateurs ou simples spectateurs au palais de la Bourse à Paris. Le décor est soigné, les personnes présentes sont élégantes, les dessins fins et racés. La grande majorité vient des XVIII et XIXème siècles. Mais quelques stands sont dédiés au XXème.
Une fois encore, la galerie Applicat-Prazan se distingue. Son stand se situe à droite en entrant et se remarque immédiatement par la couleur inimitable des tableaux de Maurice Estève (1904-2001). Une féérie qui tranche avec les autres exposants. Comme pour la FIAC, son propriétaire, Franck Prazan, consacre son exposition à un seul artiste, un merveilleux coloriste, dont l’agencement des formes n’a d’autres buts que de mettre en valeur les ajustements de couleurs.
Estève a reçu la reconnaissance du monde entier à travers de nombreuses expositions. Son œuvre, très tôt dans son parcours, fût remarqué par ses aînés : Braque, Matisse, Delaunay ou Picasso.
Ses admirables dessins, ses non moins étonnantes aquarelles et ses savoureux papiers collés sont présentés dans la galerie Lejuge en lumière tamisée et, dans un souci de conservation, sont renouvelés tous les trois mois. » (source : http://www.ville-bourges.fr/site/culture--loisirs_musee-esteve)
Sur sa façon de travailler, Estève précise: «…Je ne me sers jamais d’esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s’organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier… Chaque œuvre est une suite de métamorphoses… En vérité une toile est pour moi une somme de reprises incessantes qui dure jusqu’à ce que je me trouve devant un organisme que je sens vivant. Seule ma sensibilité peut me dire si j’ai atteint ou non cette reconnaissance…
Une des choses qui me caractérise le plus est qu’il n’y a pas chez moi d’image préétablie, pas de forme que je souhaite obtenir à priori sur une toile. Au moment même où je peins, il s’opère un échange, une conversation s’établit entre moi et le tableau au fur et à mesure que celui-ci s’organise… N’ayant plus le spectacle de la nature sous les yeux, ni son souvenir, je me trouve en face de l’art, d’une réalité, d’un objet qui a grandi et qui est plus tyrannique encore qu’un sujet, mais en même temps plus souple, obstiné et ouvert.»
Estève n’a pas de style, ou plutôt il a son style, inimitable de formes entremêlées sans but apparent, composition d’objets disparates, ronds, carrés, allongés, entortillés les uns dans les autres. Il peint sur la toile ou le papier, à l’aquarelle, au fusain, à l’encre, aux crayons de couleurs, au crayon gras. Parfois il colle les morceaux pour réaliser de véritables fééries. Et de la couleur naît l’âme du tableau, vive, transcendante, des rouges sublimes, des bleus profonds ou voilés, des verts tendres et transparents.
Vous vous concentrez sur un tableau et vous vous sentez transformé, dans un état de soulagement qui vous fait oublier les lourdeurs de la vie. Le peintre de la liberté retrouvée : un coup d’œil et vous êtes mieux, libre et enchanté. N’est-ce pas un peintre unique ?
07:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, papier collé, abstrait, moderne | Imprimer