Ephistole Tecque (15) (07/11/2018)
Parfois cependant, pour quelques instants, quelques très courts instants, une sorte de trou vague, comme une descente vertigineuse, une baisse instantanée de tension, pendant lesquelles le déroulement rectiligne du mécanisme cervical s'incurvait sur lui-même brusquement, en spirale descendante jusqu'au sommeil. Mais avant d'en toucher la frontière et de s'y introduire, il revenait au point d'incurvation en une tangente asymptotique. Ayant alors repris une nouvelle position, soit qu’il se fût tourné vers l'autre côté du lit faisant face au mur jaune crème dont la peinture formait par endroits quelques cloques, soit qu'il se fût allongé sur le ventre, les deux jambes écartées symétriquement vers la fraicheur des bords du lit, les deux bras reposant perpendiculairement à la longueur du matelas, il cherchait à distraire ses idées. Il les forçait à s'appesantir sur un même point fixe, à tourner autour, de plus en plus proche jusqu'à s'y confondre dans le sommeil. Mais avant d'avoir pu emprisonner dans cette satellisation elliptique une idée très simple,comme la façon dont on pourrait compter des pièces de deux euros avec un double décimètre, celle-ci s'était déjà enfuie vers un autre point, puis un autre encore, inlassablement.
Parfois, à nouveau, pour quelques instants, quelques très courts instants, une sorte de trou vague, une descente vertigineuse, puis l'éclat insupportable de la conscience, comme l'émergence d'une bulle d'air à la surface de l'eau.
07:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être | Imprimer