The lobster, film de Yorgos Lanthimos (14/11/2015)
Une histoire simple, mais insolite, une société où seules peuvent vivre normalement les couples. Les personnes seules sont aussitôt arrêtées et enfermées dans un hôtel. Elles doivent trouver un partenaire en 45 jours, sinon elles sont transformées en l'animal de leur choix. David débarque dans l’hôtel, arrêté par la police des mœurs parce que sa femme l’a quitté. Il amène avec lui son frère, un chien qui n’a pu trouver l’âme sœur dans le temps imparti. Cet homme stable qui s’inquiète au fur et à mesure que le temps passe, choisit le homard comme animal au cas où il ne rencontrerait pas l’âme sœur. Il finit par s'échapper et il rejoint les Solitaires, un groupe de rebelles qui vit dans les bois. Cette autre société, sauvage et également inattendue, a inversé les règles : le flirt et les relations sexuelles sont interdits et passibles de savantes tortures. Mais il y rencontre l’amour et va tout faire pour revivre une vie normale, en couple, dans la ville, comme tout un chacun.
Ce film du grec Yorgos Lanthimos est surprenant, drôle, plein de mystérieuses péripéties : l’arrivée dans l’hôtel, la cérémonie d’accueil à la manière d’un conscrit, les réunions dans la salle avec la directrice, très proches des réunions commerciales standardisées du type Weight Watchers, la chasse à l’homme dans les bois avec un fusil à fléchettes. On a envie de rire, mais dans le même temps on s’interroge : tragique ou comique ? on ne sait.
Le film est une image de la société moderne où la publicité prime sur la vie réelle, dicte ses règles, enferme la personne dans un monde absurde, mou, duquel seuls quelques individus arrivent à s’affranchir. Le bonheur est un bonheur obligatoire, organisé, et les plus faibles sont prêts à tout pour y accéder. Ils maquillent leur personnalité pour ressembler à leur future compagne, ce que tente de faire David, sans succès. La fin est impressionnante, mais sans contours précis : pour rester avec celle qu’il aime, devenue aveugle par la méchanceté des solitaires, se crève-t-il ou non les yeux ? On ne sait.
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