Vivre la nativité (25/12/2011)

 

Dans sa sagesse, chaque année, l’Eglise nous offre de vivre  et de revivre l’exnoël,spiritualité,religion,christianismepérience chrétienne. Car c’est bien à une expérience qu’elle nous invite au-delà de la vision théologique. Chaque année, l’Eglise m’invite à la conversion dans le temps de l’Avent; chaque année, l’Eglise m’invite à vivre la naissance du Christ en moi; chaque année, l’Eglise m’invite à mourir à moi-même comme le Christ le fit lors de sa passion; et chaque année, l’Eglise m’invite à participer à la gloire du Père dans la lumière de la Pâque. Chaque année de ma vie, je suis invité à approfondir ce cycle merveilleux de l’expérience chrétienne. Lié au cycle naturel des saisons, il se déroule en spirale, à l’égal de ma vie humaine, avec ses élans et ses chutes, avec sa puissance et ma pauvreté, avec la distance toujours vécue qu’il y a entre l’expérience de la vie divine en nous et l’expérience de notre pesanteur à la faire perdurer en nous.

La liturgie du temps de Noël nous convie à méditer les trois aspects du mystère de l’Incarnation. D’abord la naissance éternelle du Verbe qui reçoit éternellement la nature divine du Père. C’est à ce titre qu’est lu dans la messe du jour de Noël le prologue de l’évangile de Saint Jean : Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s’est fait...  Ensuite, la naissance temporelle du Verbe dans l’histoire des hommes : et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous... Enfin, la naissance spirituelle du Verbe en chacun de nous pour donner vie à l’Eglise, corps mystique du Christ : tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.

Saint Grégoire de Naziance, dans un sermon pour le jour de Noël, résume la fête de la nativité comme celle de la re-création :

“ Moi aussi, je proclamerai la grandeur de cette journée : l’immatériel s’incarne, le Verbe se fait chair, l’invisible se fait voir, l’impalpable peut être touché, l’intemporel commence, le Fils de Dieu devient le Fils de l’homme, c’est Jésus-Christ, toujours le même, hier, aujourd’hui et dans les siècles (...) Voilà la solennité que nous célébrons aujourd’hui : l’arrivée de Dieu parmi les hommes, pour que nous allions à Dieu ou plutôt revenions à lui; afin que, dépouillant le vieil homme, nous revêtions le nouveau et que, de même que nous sommes morts en Adam, ainsi nous vivions dans le Christ, nous naissions avec lui, nous ressuscitions avec lui (...)
Miracle non de la création, mais bien de la re-création (...) Car cette fête est mon achèvement, mon retour à l’état premier, à l’Adam originel.
Révère la nativité qui te délivre des liens du mal. Honore cette petite Bethléem qui te rend le paradis. Vénère cette crèche. Grâce à elle, toi, privé de sens (de logos), tu es nourri par le Sens divin, le logos divin lui-même. ”

C’est bien à une expérience vivante que nous convie la fête de la Nativité et cette expérience intérieure est à l’image et à la ressemblance du mystère de l’incarnation dans sa totalité dynamique : Dieu, en Christ, vient chercher l’humanité. Marie, dans son attente virginale, accueille et enfante Dieu. Par cette naissance, l’homme devient participant de la nature divine (2 Pierre 1,4).

Dieu en Christ vient chercher l’humanité :

Il ne nous appelle pas comme un grand personnage qui veut montrer sa magnificence. Il vient nous chercher en se faisant semblable à nous. Saint Paul explique qu’il s’est dépouillé, humilié, évidé, ékénosen (Phil 2,7). Il renonce à lui-même, par amour, pour trouver notre amour. Il vient réveiller ce bonheur qui sommeille en nous : la joie de l’amour. Il ne nous l’impose pas, il attend, il espère, vide de désirs, avide de nos regards.

Marie accueille et enfante Dieu :

Marie aussi est vierge, comme le Christ s’est fait vierge. Elle est vide d’elle-même, centrée sur son origine, sur celui par qui tout a été fait et qui est la vie. C’est cette virginité qui permet la naissance du Verbe et l’accomplissement du mystère des mystères : la créature enfante de son créateur. Marie nous guide ainsi sur le chemin de la vie : rejoindre au plus profond de nous-mêmes ce lieu vierge de notre personnage, au-delà de l’image que nous cherchons à donner, à la ressemblance de la lumière incréée.

L’homme devient participant de la nature divine :

“ Le but de l’incarnation, c’est d’établir une pleine communion entre Dieu et l’homme, pour que l’homme trouve en Christ l’adoption et l’immortalité, ce que les Pères nomment souvent la déification : non pas évacuation de l’humain, mais sa plénitude dans la vie divine, car l’homme n’est vraiment homme qu’en Dieu. ” (O. Clément, Sources, Stock, Paris, 1982, p.37). C’est en cela que Grégoire de Naziance parle de re-création ou de nouvelle naissance, et c’est bien un événement personnel comme il le montre en parlant à la première personne du singulier.

 

Au-delà de la fête extérieure, vivons, revivons à chaque instant ce mystère étonnant : le Verbe se fait chair en nous et nous rend participants à la nature divine. Cette nouvelle naissance nous fait enfant de Dieu et membre du Corps du Christ. Marie, nouvelle Eve, nous ouvre à la vie nouvelle, car toute l’humanité en la Vierge enfante Dieu. En Marie, par Marie, l’humanité est recréée. Le cosmos est recentré en Christ, son origine et son achèvement est en lui.


 

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