L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (10) (17/04/2020)
La cuisine était une vraie cuisine, suffisamment grande pour cuisiner à plusieurs comme ils aimaient le faire le dimanche soir lorsqu’il n’y avait rien à faire que de préparer de bons petits plats. Ils s’engouffrèrent dans le couloir partant du salon qui donnait sur quatre portes vis-à-vis. Celle de gauche s’ouvrit sur une chambre spacieuse, vraisemblablement réservée aux parents. Elle possédait un lit double revêtu d’un dessus de lit en coton avec des motifs à fleurs. La cheminée était de petite taille, mais pratique. Une grande armoire de bois foncé munie d’une clé se tenait près de la porte. En face, à côté de la fenêtre, il y avait une petite table avec une chaise, permettant de travailler. Une lampe à huile, dorée, avec son demi-globe plein de liquide, la surmontait. Mais les enfants étaient déjà partis vers les trois autres portes. En face de la porte des parents s’ouvraient une chambre aussi grande, avec deux lits, puis une autre chambre plus petite, où se tenaient un lit, une table de nuit et une chaise. La dernière porte, dans le prolongement de la chambre des parents, donnait sur une salle de bain qui comportait un meuble de toilette avec un broc et une bassine en faïence à décor imprimé et, dans un coin, une baignoire vétuste en zinc. Toutes les chambres, ainsi que le couloir, étaient revêtus de papier peint à fleurs de couleurs différentes.
Le cœur d’Emma était quelque peu serré. La maison manquait de personnalité. En réalité, elle regrettait l’ancienne garnison, ses amies, l’école des enfants. Ici, ce n’était qu’un village, avec peu d’habitants et des gens simples. Où trouverait-elle de quoi s’occuper ? De plus, ce village se trouvait près de la frontière convoitée par les Chiliens. Bien que le capitaine n’en ait pas parlé, elle sentait une certaine tension en lui. Il restait calme, semblable à lui-même, mais néanmoins au ton de sa voix, elle comprenait l’inquiétude qui l’avait pris dès l’instant où il avait su qu’il était affecté à San Pedro. Elle ne s’était cependant pas inquiétée, sachant sa rigueur et la sûreté de son jugement. S’il est venu, c’est qu’il pouvait venir avec eux, sans problème.
– Je suis invité au mess ce soir, comme à chaque entrée en garnison. Je rentrerai probablement tard, alors couchez-vous et ne m’attendez pas. Il prit son arme de service, l’ajusta dans son étui, mit son chapeau et sortit.
03:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bolivie, chili, désert, guerre | Imprimer