L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (9) (13/04/2020)
Quelques applaudissements saluèrent ce discours, puis tous de mirent à parler de leurs impressions de ce premier contact. Les hommes admirèrent la résolution du capitaine. Les femmes s’extasiaient sur la famille et, en particulier sur Emma qui paraissait sereine. Certains enfants avançaient déjà vers les trois sœurs, tendant la main à la moins intimidante, c’est-à-dire la plus jeune. Mais Alexandro fit gentiment signe qu’ils souhaitaient faire connaissance avec leur maison et pouvoir se reposer. Tout ceci se passa simplement, sans aucune fausse note, au grand soulagement à la fois de la famille Barruez et des notables.
Le maire du village leur proposa de les accompagner jusqu’à la maison mise à leur disposition. Traversant la place, ils s’engagèrent dans la rue principale pour s’arrêter assez vite devant une maison plus grande que la plupart, dont il ouvrit la porte avec une clé qu’il remit à la femme du capitaine, s’effaçant pour les laisser entrer. Le lieutenant major choisi ce moment pour dire au capitaine que lui et ses hommes l’attendaient pour la soirée à leur popote, comme c’est de tradition le premier jour d’une arrivée. Puis il salua, fit un demi-tour réglementaire et partit. Le maire en profita pour prendre congé avec les deux autres notables qui s’étaient maintenus discrètement en arrière.
– Allez, je ne vous retiens pas, leur dit Alexandro Barruez. Tous nos remerciements pour votre accueil et pour cette charmante maison dans laquelle nous nous plairons, j’en suis sûr.
Ne restaient plus que les trois soldats qui débarrassaient le chariot des bagages de la famille et les entassaient dans l’entrée, tant bien que mal. Lorsqu’ils eurent finis, ils saluèrent, acceptèrent le pourboire que leur tendait la femme du capitaine et sortirent.
– Ma chère Emma, ce n’est pas ce que nous avions souhaité, mais cette maison me semble fort sympathique. Venez les filles, faisons le tour du propriétaire. Le capitaine entra d’abord dans le salon, suffisamment grand pour la famille, dont les meubles, bien que modestes, n’avait rien à envier avec ceux dans lesquels ils vivaient auparavant.
– Oh, regardez, le tableau sur la cheminée, quel air prétentieux ! dit Ernestina en tendant le doigt vers le portrait d’un vieil homme à l’air solennel.
– Ma foi, tu as raison, il ne paraît guère engageant. J’avoue que je ne sais de qui il s’agit, répondit le père. La dernière fille, Libertad, se mit devant le tableau et fit une grimace au personnage, lui signifiant par là qu’elle se moquait bien de son air pincé. Sa mère sourit, mais lui fit cependant la remarque de se tenir correctement. Ils passèrent dans la pièce suivante, la salle à manger, probablement. Celle-ci était meublée de chaises revêtues de cuir noir avec des clous dorés et travaillés. La cheminée était ici surmontée d’une glace et ils se virent tous, un peu fatigués, dans cette pièce nouvelle, inconnue. Un large buffet se tenait dans un coin, deux fauteuils complétaient l’ameublement qui, somme toute, pouvait convenir. Le capitaine tenait à ce que ses femmes se sentent à l’aise, sachant trop bien combien de temps il passait au dehors pour s’occuper de la troupe.
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