Locédia, éphémère (39) (27/11/2019)

Alors, comme mu par un irrésistible besoin de chaleur, je te passais le bras derrière les épaules, prenant délicatement l’attache de ton bras dans ma main gauche et te pressant légèrement contre mon corps devenu insensible. Nous n’étions qu’un déjà sans possibilité de séparation. Et pourtant, si j’avais su alors ce qui nous attendait.

Doucement, tu te tournas vers mon visage, offrant tes yeux et tes lèvres, vestale offerte. Je te regardais, incrédule, et ton innocence inespérée m’inclina à te rendre cet abandon, cette lente respiration du corps et de l’esprit qui progressivement s’harmonisait. Je me penchais vers toi, effleurais le duvet au dessus de tes lèvres, respirant le souffle de ton existence comme l’unique bien de ce monde. Je posais mes lèvres sur les tiennes, avec lenteur, goûtant chaque frémissement de tes paroles muettes, leur ouverture impalpable vers d’autres promesses. Tu pris mon visage entre tes mains, comme une offrande que tu te faisais à toi-même et tu me rendis mon baiser, sereinement, dans une sorte de ralenti sans parole, avec une assurance séculaire. Je te contemplais alors, souriante, paisible, le regard clair, les paupières légèrement chargée de larmes, redevenue enfant, jeune fille, femme amoureuse, me semblait-il, jusqu’au plus profond de toi-même. J’essuyais lentement avec mes lèvres tes paupières mi-closes, aspirant cet aveu d’abandon avec ravissement. Irrésistiblement, je revins vers ta bouche, éprouvant le besoin de fraicheur qu’elle exhalait, l’irrésistible envie de mêler nos souffles dans un même cheminement comme une lente montée vers plus de félicité, vers une situation inconnue et profondément humaine. Merci, Locédia, de ces instants magiques, quand tu te livrais sans réticence et que je croyais te tenir, te détenir, te contenir dans les flots d’un amour irréalisable.

Nous sortîmes du cinésens, égarés, perdus chacun dans un bonheur inexprimable, séparés par la violence de nos sentiments et une attente irrésistible des événements à venir.

_ Si nous allions chez toi, me dit-elle joyeusement. Je crois que tu habites à côté.

07:28 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, spiritualité, corps, coeur, homme | |  Imprimer