L'homme sans ombre (21) (21/09/2017)
– Tant pis, se dit Lauranne, après réflexion. Il faut que j’en parle directement à Mathis. Cela ne peut plus durer. Noémie me cache quelque chose, Patrick ne suit pas cette affaire et Mathis ne dit rien. Je ne vois pas comment je pourrais en savoir plus si je ne l’implique pas. Mon problème est de le faire de manière suffisamment discrète pour qu’il ne se sente pas épié. Car alors, il se fermerait comme une huître. Il me semble que le meilleur moyen est de le surprendre lorsqu’il se trouve au temple. Il ne pourra nier et même trouver une excuse.
Elle patiente trois jours avant qu’il reprenne le chemin du temple. Elle a dû le suivre un peu partout et s’est arrangée pour trouver un déguisement adéquat. Un jour, elle se retrouva presque en face de lui. Il avait fait brusquement demi-tour. Heureusement, au même moment, une ambulance passa, toutes sirènes hurlantes, ce qui divertit Mathis et l’empêcha de voir Lauranne. Elle se pencha sur une devanture et il passa sans l’apercevoir. Aujourd’hui, cela lui semble être le jour propice. Il est sorti à la même heure que la première fois, a pris le métro ouvertement et a changé de ligne à Châtelet. Il est descendu place d’Italie. Elle le suit, ne sachant comment l’aborder. Elle entend soudain des bruits de sifflet et une course poursuite qui monte vers elle de la rue. Tous se retournent. Trois policiers courent après un jeune asiatique qui passe devant eux avec célérité. Elle reprend ses esprits, repart vers le temple et se trouve nez à nez avec Mathis. Celui-ci l’a également vu et ils ne peuvent s’ignorer.
– Lauranne, mais que fais-tu là ? s’exclame Mathis.
– Mais et toi ? lui répond-elle pour ne pas avouer qu’elle le suit.
– Eh bien, je me promène. Je suis toujours un peu attiré par ce quartier que je commence à bien connaître. Il a son charme. Sa population est variée et recèle des cultures tellement différentes. Mais si nous allions prendre un thé quelque part. Nous pourrons parler un peu avant de reprendre chacun notre route.
– Pourquoi pas, répond Lauranne qui trouve là l’occasion rêvée pour parler avec lui de ses activités.
Il la conduit vers une petite boutique aux épais rideaux et ils s’installèrent dans un coin. Le propriétaire vient prendre la commande. Ils se détendent, comme s’ils étaient heureux de se retrouver là, mais chacun se demande ce qu’ils vont pouvoir se dire.
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