Oh ! Les beaux jours, pièce de Samuel Beckett (23/08/2017)

Théâtre de l’inéluctable. Chaque jour passe et ressemble aux autres jours, toujours semblables, mais pendant lesquels, imperceptiblement, inéluctablement, les êtres changent sans qu’ils en aient conscience : « Je vois de moins en moins bien… Pas moins qu’hier…Pas mieux que demain… » Chaque geste de la vie quotidienne devient un évènement attendu impatiemment au cours de la journée, de même que la moindre démonstration d’intérêt, de prévenance de la part d’autrui : un sourire, un mot, un geste même, le plus petit soit-il (lever le petit doigt) prend une importance considérable et suffit à éclairer la journée. « Ça que je trouve merveilleux », dit-elle pour tout ce qui vient  rompre la monotonie des heures.

« Quel beau jour encore », telle est la morale de Beckett. Il y a toujours une raison d’être heureux, il y a toujours un évènement qui, si on y prend garde, suffit à donner la joie pour une journée. Le jour où Willy, malgré ses infirmités, sa condition d’humain réduit à la vie animale, sort de son trou pour regarder sa femme, est le plus beau jour de la vie de celle-ci, parce qu’il est là, présent, réel. Et cet homme qu’elle ne reconnait plus, dont la laideur l’effraie, tente de lui témoigner ce qui lui reste d’amour, faisant de l’enlisement, de l’incapacité de bouger de sa femme, un paradis aussi beau que celui de sa jeunesse.

 

07:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, classique, vieillesse, bonheur |  Imprimer