Amour et beauté (17/02/2016)

La preuve décisive de son aptitude (celle de l’amour) à s’harmoniser à tout et de la souplesse de sa nature, elle est dans cette beauté de la forme, que précisément, Amour, en vertu d’un consentement unanime, possède à un degré exceptionnel ; car entre laideur et amour il y a de l’un à l’autre, un perpétuel conflit. (…)

Il n’est personne, en tout cas, dût-on même jusque-là sans culture, qui ne devienne poète quand de lui Amour s’est emparé !

(Platon, Le banquet, Première partie, discours d’Agathon, la nature de l’amour, La pléiade, 1940)

 

Quel sujet de controverse : l’amour naît-il de la beauté ou la beauté naît-elle de l’amour ? Très certainement, la question est abrupte et trop catégorique. Tous diront l’un et l’autre. Pourtant elle est intéressante, car elle nous contraint à aller au fond des choses.

C’est un fait certain que l’amour naît de la beauté. Chaque homme et chaque femme aimera son vis-à-vis par la beauté qu’il possède, que celle-ci soit physique, intellectuelle ou morale. Mais en disant cela, nous avons déjà fait une concession au principe de la beauté : elle n’est pas que physique. Ainsi la beauté intérieure d’un être peut faire surgir l’amour même si celui qui en est l’objet ne dispose que d’une piètre beauté physique. Mieux même, cette disposition intérieure fera apparaître beau l’être qui n’a pas les caractéristiques de la beauté. Ainsi notre proposition se retourne, l’amour fait naître la beauté là où rien ne suggère l’irradiation du beau.

Et si l’on se donne la peine de d’interpréter ce constat, on s’aperçoit qu’il en est de même entre l’amour humain et l’amour divin, l’éros et l’agapè. Pour le premier, l’amour naît de la beauté éprouvée et supposée d’un autre être. Pour le second, l’amour fait naître la beauté dans le cœur de celui qui aime et sème la beauté dans l’être aimé.

L’amour n’est-il pas ensorceleur !

06:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, beauté, divin, harmonie |  Imprimer