Youth 2 (16/10/2015)

Dans la nuit m'est venue une réflexion sur le film :

Le film est également plus profond qu’il n’y paraît de prime abord. Il met en évidence diverses façons de devenir vieux.

La première est celle choisie par le chef d’orchestre : je prends ma retraite, donc je ne fais rien et je vis l’instant, sans continuité. Il abandonne même la passion de sa vie, la musique, à laquelle il a tout sacrifié.

La seconde manière, à l’opposé, consiste à poursuivre ses activités premières jusqu’au bout, à ne jamais s’arrêter, à mourir debout, à la barre, sans un soupir de soulagement. C’est ce qu’a fait le réalisateur qui s’est jeté par la fenêtre de déconvenue. Son dernier film, son chef d’œuvre, ne sera pas. Youth n’évoque que très brièvement la troisième manière de vieillir et la quatrième n’est pas recensée.

La troisième emprunte au démon de la quarantaine. Changer de vie, la reprendre d’une manière plus dissolue, faire sauter les contraintes et jouir de la vie sans se soucier des conséquences. Abandonner sa femme, laisser ses enfants, choisir une jeunesse ou au moins une plus jeune et se donner l’illusion que la vie reprend avec dix ou vingt ans de moins. On efface tout et on recommence. C’est un peu, maladroitement, ce qu’a tenté la belle Jane Fonda dans une crise de rupture avec le réalisateur. Elle se la reprochera jusqu’à la fin.

Enfin, la quatrième solution est tout simplement de vivre sa vieillesse : utiliser ce temps utile pour se découvrir soi-même, pour développer ce qu’il n’a fait qu’entre-apercevoir, pour laisser murir son vrai moi, non pas celui que la société a voulu de lui, mais celui auquel il a rêvé sans se donner la peine de le construire, trop pris par ses nombreuses activités qui lui cachait ce soi inscrit au plus profond de lui-même. Plus de faux semblant, plus de leurre, face à soi-même vivre dans la plénitude en s’allégeant des obligations et construire sa vraie personne en découvrant et développant ce pour quoi il a été fait. Chaque homme, chaque femme dispose en lui, en elle, d’un potentiel, le plus souvent insoupçonné, de réalisation de soi. Seuls quelques rares humains le met en oeuvre au cours de leur vie active, d’autres ne le font qu’au cours de leur retraite, d’autres encore y rêvent toute leur vie sans jamais oser se lancer, enfin certains ne saisissent pas de quoi il s’agit. Le dépouillement n’est pas leur fort. Ils préfèrent finir riches extérieurement et pauvres intérieurement plutôt que l’inverse. Mais ces deux alternatives cachent la vérité : dépasser ces opposés. Thèse, antithèse, synthèse, direz-vous. Non, découvrir l’invisible derrière le visible.

06:57 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, vieillesse, méditation |  Imprimer