MEDays 2011, du 16 au 19 novembre, à Tanger (Maroc) (21/11/2011)

 

Tanger, ville frontière, entre deux mers, entre deux terres, aux bâtiments indolents, mais agitée d’une foule affairée, devenue pour quelques jours un lieu de réflexion sur « Le Sud dans laMedays 2011 003 rev&red.jpg gouvernance mondiale ». Ce sont les MEDays 2011, journées organisées par Brahim Fassi Firhi, président de l’Institut Amadeus, mettant en contact les principaux acteurs du Sud avec les principaux décideurs internationaux. On y parle de crise, bien sûr, dans toutes ses formes, sociale, sécuritaire, financière, climatique, etc. Y participent d’anciens chefs d’Etat, de nombreux ministres, en particulier des Affaires étrangères, des responsables de toutes sortes et de tous domaines. Et l’on y parle en toute liberté, sans langue de bois (ou presque), les expressions utilisées restant modérées.

Nous sommes au bord de la Méditerranée, l’hôtel séparé de celle-ci par un mur qui cache le Medays 2011 009 rev&red.jpgspectacle des vagues que l’on entend frapper le sol de leurs sévères caresses. Certes, ce n’est pas de tout repos, car l’inimaginable communication moderne envahit chaque recoin, y compris sans doute à l’intérieur des têtes, les faisant tourner entre les différents thèmes du forum. Oui, sans doute micros et haut-parleurs sont les rois des panels où interviennent les personnalités. Certains en usent, parlant avec une sensualité douce pour ensuite asséner d’une voix forte quelques vérités supérieures. Mais l’habitude vient avec le temps et l’on se fait à tout ce bruit qui meuble les changements de tables rondes. Pendant les prises de paroles, on peut en même temps voir sur écran les visages des intervenants. Très diversifiés, ils mettent cependant en évidence les points communs de l’humanité tant d’une façon purement physique que, plus subtilement, les attitudes et expressions. Chaque homme porte en lui l’humain. Il est Homo sapiens, c’est-à-dire intelligent, sage, raisonnable, disposant de jugement. Et quand je dis homme, je parle de l’être humain en général, qu’il soit homme ou femme, cela va sans dire. La langue française ne distingue pas le genre de cette dénomination ou plutôt confond l’ensemble avec le mâle. C’est sans doute une erreur historique puisque le latin distingue l’homo, être humain, et le vir, humain mâle. Et dans ces images dont nous sommes abreuvés, apparaissent bien des attitudes ou comportements communs : regard songeur, mais acéré, des penseurs sur les crises désorganisant le monde ; jambes croisées de personnages gênés de disposer assis de tentacules inutiles qui se révèlent malgré tout nécessaires dès l’instant où un déplacement s’impose ; doigts posés (deux en général) sur une joue tiède pour augmenter l’écoute et la concentration, la tête légèrement inclinée du côté du lobe de la réflexion.

Medays 2011 015 rev&red.jpg

Cette photo a été prise à un moment où la foule habituelle n'empêcherait pas de voir la salle de rencontre et de presse.

Mais, si l’on prête une attention dans le temps à ces images diffusées, apparaît une diversité incroyable et respectable, attendrissante pourrait-on dire. Et ici se côtoient des représentants de l’ensemble de l’humanité, jaunes, noirs, blancs, entre deux couleurs, ou même entre trois. Tous disposent des mêmes gènes et chacun d’entre eux est différent de son prochain. Caractéristique première de la vie : la diversité. Chaque plante, chaque animal, chaque être humain se distinguent des autres membres de son espèce. Il n’y a pas de clone. Mieux même, chaque être humain est centre du monde, l’analyse avec sa vision qui diffère de celle du voisin. Il est vie unique, mystérieuse, imprévisible, parce que soumise à un environnement fragile qui est le même pour ceux qui vivent dans un même lieu et en même temps. J’ai aimé entendre l’ancien Président de la république de Colombie, l’ancien Président de la république du Pérou et le Président de Microsoft Africa, si différents en tant qu’hommes vivants dans des environnements différents, mais aux préoccupations proches. La mondialisation n’est pas seulement un maelstrom économique. Elle peut être transformée en instrument de socialisation et de paix. Mais il nous faudra encore du temps et beaucoup de réflexions pour abandonner nos intérêts localisés et incompatibles.

Qu’en retenir ?

Au-delà de l’étonnante diversité des hommes, l’intelligence des réflexions de nombreuses personnalités ressortissantes des pays du Sud. Au-delà de la compréhension des mécanismes des sociétés, c’est une culture commune et philosophique qui ressort, même si de nombreuses divergences d’action restent évidentes. Je pense en particulier au professeur Abdelfattah Amor, président de l’académie internationale de droit constitutionnelle, dont la profondeur de vision du droit fait entrer de plein pied dans les aspects philosophiques et moraux de l’être humain et de ses droits quelles que soient son ethnie et sa religion.
L’importance et l’intérêt de la jeunesse marocaine à ses réflexions est un second point à mettre en exergue. Ce forum fut organisé par des jeunes, très jeunes même, presqu’étudiants, et l’organisation, colossale, a tenu ses promesses, comme les buts de la réflexion proposée. Et pourtant, notre société ne leur laisse que peu de place dans le monde du travail. On peut penser qu’une des faillites de la mondialisation est principalement l’incapacité à procurer du travail à tous les âges et toutes les couches de sociétés très variées mais plongées dans un même bain : certains, de moins en moins nombreux, mais de plus en plus riches, continuent à accumuler de manière éhontée, au détriment d’encore plus d’hommes et de femmes, jeunes ou vieux. La corruption, qui commence par la monopolisation du pouvoir (ce qui se passe en Egypte) est le fléau de nos sociétés, y compris dans nos démocraties.
Troisième point : la possibilité d’établir des relations avec des gens de tous pays, travaillant dans toutes sortes de domaines, étant à des postes d’action ou de réflexion importants, est une occasion unique qui donne à ce forum un intérêt indiscutable. Chacun y pêchera les relations qu’il souhaite, au-delà de paroles entre gens de bonne société.

Merci à nos amis marocains et plus largement des pays du Sud pour cette leçon de courage qu’ils nous donnent : courage pour monter un tel forum, courage pour reconnaître les erreurs commises, courage pour envisager des solutions inédites et pas forcément politiquement correctes, et, toujours, un sens de l’accueil inégalé.

Medays 2011 021 rev&red.jpg

 

 

15:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, mondialisation, réflexion |  Imprimer