Transplantation (1) (10/01/2016)
Vous est-il déjà arrivé de transplanter un arbuste ? Cela fait longtemps que vous le contemplez là où il se trouve, à une place qui ne vous convient pas parce qu’il vous cache une partie du jardin. Chaque fois que vous vous trouvez là où vous êtes actuellement, vous vous dites qu’il est temps de le déplacer. Oh, il ne s’agit pas de lui donner la mort, mais une simple transplantation devrait suffire à vous rendre heureux sans le rendre malheureux.
Cette fois, ça y est. Transplantation, quoiqu’il arrive ! Vous avez convaincu votre tendre moitié de vous assister, vous avez préparé vos instruments bien rangés à quelques mètres de l’arbuste, du plus petit au plus grand : sécateur, coupe-racines, bêche, pelle, râteau, arrosoir, brouette. Vous avez revêtu votre habit de lumière : bottes, pantalon sale, vieux pull et veste sans manche (il faut être à l’aise !). Votre assistante est là pour vous conseiller, vous tendre les outils lors de l’opération, vous aider à porter le corps inanimé pour l’installer dans un nouveau trou, large, préparé préalablement. Alors, vous commencez par celui-ci. Vous avez soigneusement réfléchi au lieu de repos et de reprise de la croissance de votre arbuste. Il cachera la remise à bois et ses feuilles dorées, petites et tressautantes, seront du plus bel effet pour faire penser à un coin de jardin inconnu. L’assistante est partie préparer le déjeuner, elle reviendra lorsqu’il s’agira de sortir du trou d’extraction la souche.
Il a beaucoup plu ces temps-ci, ce devrait être relativement aisé de creuser un réceptacle de bonne taille. Effectivement, les dix premiers centimètres sont faciles à retirer et à entasser à une cinquantaine de centimètres de l’orifice. Mais surprise, la terre devient sèche, poussiéreuse, parsemée de cailloux encastrés et pleinement de racines. Oui, c’est vrai, c’est un peu près du cèdre du Liban, mais c’est là que vous voulez le mettre ! Heureusement, vous disposez de votre bistouri, pardon, de votre sécateur, et vous coupez ces tendons fermes qui gênent votre bêche. Vous vous mettez à quatre pattes, les genoux dans une terre saumâtre, car vous avez dû déverser un arrosoir dans le trou pour vous permettre de creuser plus profondément. Ça y est, vous pouvez poursuivre, vous retirez la boue qui s’étale sans vergogne sur votre tas de terre, s’épanchant en rigoles qui transforment votre monticule en un mollusque informe que vous aurez du mal à réintroduire dans le trou après réception de l’arbuste. Tout est prêt. Encore un demi-arrosoir au fond du trou, deux balayages de bêche sur l’herbe tendre pour retirer les souillures d’un mélange de terre et d’eau. Vous rassemblez vos instruments dans la brouette et vous vous dirigez vers l’arbuste pour commencer son déracinement.
Hum ! C’est plus qu’un arbuste. Un seul corps de racines, mais cinq ou six troncs de quelques centimètres de diamètre qui lui donne un volume important : des jambes courtes sur un ventre proéminent, mais des bras démesurés poussant haut dans toutes les directions. Pas facile d’introduite une bêche sous ces vêtements pour atteindre des dessous difficilement accessibles. Mais il le faut bien. Alors vous vous insinuer entre deux branchages, glissez votre outil à trente centimètres de son entre-radicule et vous commencez à tracer une circonférence convenable qui vous permettra, une fois creusée, d’extraire le maximum de racines avec l’arbuste. Vous devez parfois utiliser votre sécateur pour couper une racine plus forte que les autres. Vous demandez pardon à votre plante et lui expliquez que cela repoussera. Une bonne nouvelle ! Vous constatez que tous ces membres inférieurs n’entrent pas profondément en terre. Ils rayonnent autour de ses hanches à l’horizontale, ne disposant que de quelques radicelles qui tentent de pénétrer plus en profondeur. Il vous est donc facile de découper sobrement un cône inversé pour pouvoir extraire le patient.
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