"Noosphère" et "pensaction" (05/01/2014)
On oppose souvent le monde matériel et le monde spirituel, l’un fait de matière palpable, l’autre, hors de notre monde habituel, un monde révélé, imaginé, déclaré et devenu la chasse gardée des religions. C’est un peu vite classé. Que fait-on du monde des idées, monde sans consistance physique et qui traite à la fois du matériel comme du spirituel ? Une théorie, une pensée, un concept ont-ils une existence, non pas au sens matériel, mais par le simple fait qu’ils sont présents, évoluent et souvent meurent ?
Le concept de noosphère est dû au minéralogiste et chimiste Vladimir Vernadski avec ses études sur la biosphère. De manière plus large, on peut distinguer la géosphère ou monde inanimée (encore appelée lithosphère), la biosphère, monde vivant, et la noosphère ou monde de la pensée. Le Père Theillard de Chardin comprend l’idée de noosphère comme une nappe pensante faite de pensée et de conscience, qui enveloppe la terre. D’autres utilisent ce néologisme avec une vision liée à la notion d’information, l’infosphère, ou encore une vision gnostique, celle de gaïa, terre vivante.
Peu importe ces divergences. Ce qui compte c’est l’idée d’un monde qui n’est ni matériel, ni spirituel (au sens religieux habituellement utilisé). Certains considéreront que l’homme se distingue de l’animal par l’apparition de cette noosphère. Mais est-ce bien sûr ? Les animaux pensent à leur manière, ils ont des perceptions du monde et savent les utiliser pour survivre. Ils ont des sentiments au même titre que les hommes. La seule chose qui distingue l’homme de l’animal, c’est le langage et, grâce à l’existence de ce dernier, la conceptualisation, c’est-à-dire la capacité de penser le monde qui l’entoure en s’en extrayant plus ou moins.
Peut-on imaginer une forme de réalisation supérieure à celle de l’homme actuel ? Sans entrer dans des discussions théologiques pour savoir à qui appartient quoi, nous pouvons dire que le stade supérieur est très probablement celui de la « pensaction » où capacité pour un être d’agir directement par la pensée. Je pense et cette pensée devient action parce que je le veux. Je pense que je suis à tel endroit et je m’y trouve. Je pense que je suis à tel siècle et je m’y trouve. Je pense à une orange et elle est là, je peux la manger. Alors vous êtes Dieu, me direz-vous. Non, surement pas. Dieu est surement bien plus divin que cela. Dieu peut créer à partir de rien. La pensaction ne fait qu’utiliser d’une manière différente ce qui a une existence, matière et idée. Cet avènement mettrait fin à la dichotomie entre la pensée et l’action qui est une des limites de l’homme.
Le célèbre « Je pense, donc je suis » serait remplacé par « Je pense, donc j’agis » (et je me crée mon monde). Utopie complète, direz-vous ? C’est très probable tant que l’homme se concevra comme une entité qui s’oppose aux autres entités en tant que centre de son monde. C’est en cela que l’épanouissement de la noosphère est important. Car la création de liens d’interpénétration entre les êtres devrait permettre d’adopter de nouvelles règles de comportement : ne rien faire qui puisse nuire à un autre être vivant.
07:16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : science, religion, noosphère, conscience, immatériel, matériel, infosphère | Imprimer