La recherche (13/10/2011)


Comme il est curieux qu’en France parler de recherche revient à parler de la recherche scientifique et de personnes qui vouent leur vie à des études sans fin. La recherche est objet de politique et en parler revient à dire qu’il lui faut plus d’argent. Alors on crée de nouveaux organismes en charge de rationnaliser l’organisation de la recherche. Certes, les chercheurs eux-mêmes s’intéressent à leurs recherches propres et s’y donnent à fond. Mais pourquoi la recherche est-elle  réservée à la science ?

En réalité, depuis longtemps, l’université est beaucoup plus qu’un pôle d’enseignement. Elle constitue un vivier de chercheurs en tout genre, de l’histoire à la littérature, de l’écologie à la faim dans le monde. De plus, depuis un certain nombre d’années, sont apparus les think tank, temples américains de la recherche sur toutes sortes de choses, y compris et principalement sur la politique.

Mais tout cela enferme la recherche dans des organisations ad hoc et les chercheurs dans un monde conventionnel dont il est important de franchir les étapes progressivement : examens, publications, colloques, etc. Et peu à peu, ces chercheurs ne vivent que pour ces étapes, leur consacrant plus de temps qu’à leur recherche. Ils ont cherché pour accéder à ce monde privilégié et mirifique du statut de chercheur et ils profitent de ce monde qui leur donne une certaine reconnaissance.

Et pourtant, la recherche est bien autre chose, quelque chose de plus vaste et plus envoutant. En fait, vivre c’est posséder cette volonté de recherche permanente. Vivre, c’est ne jamais renoncer à chercher. C’est ne pas croire à l’infinité des solutions et l’impossibilité d’une réponse. Tout homme peut et doit être chercheur : certes, le scientifique, l’universitaire, l’économiste, mais aussi l’artiste, qui est un chercheur solitaire, le sportif, qui mène sa propre recherche sur lui-même, le chef d’entreprise, qui recherche en permanence des idées pour faire progresser sa création, et également le mystique dont toute la vie est consacrée à la recherche de Dieu.

L’art de la recherche : après avoir fait le tour des connaissances dans un domaine, chercher en soi la faille entre la réalité et ce qui est dit sur le sujet en faisant appel à d’autres angles d’approche que ceux prescrits par le monde confiné des pontifes. Vous serez dans le brouillard, vous n’avancerez plus, ce sera la nuit obscure dont parle Saint Jean de la Croix. Puis, un jour, une intuition ouvrira une brèche qu’il faudra creuser, expérimenter, rendre intelligible et progressivement s’assembleront les idées jusqu’à former une nouvelle vision du problème.

Cela est vrai pour tout ce qui touche la vie et ne demande qu’une chose, être convaincu que vous-même vous pouvez le faire, vous devez le faire, en dépit de tous les efforts que cela demandera. Mais auparavant, une condition est indispensable : que le sujet vous intéresse et même vous passionne, quel qu’il soit.

Vous deviendrez vieux lorsque vous n’aurez plus cette flamme bénéfique qui fait de vous un homme (ou une femme) : la recherche !

 

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