En fin d’après-midi (15/08/2011)

 

En fin d’après-midi, sur une envie subite, prendre la voiture et partir vers l’inconnu, sans savoir où l’on veut aller, se perdre aux détours des routes, regarder le ciel et y voir le signe de tourner à gauche ou à droite. Quel bonheur que ce délassement facile qui nettoie l’esprit mieux qu’une visite impromptue ou l’obligation de se trouver quelque chose à faire.

Chercher ses clés et ses papiers, fermer la maison, jeter un œil aux bulles nuageuses et maussades, ouvrir la portière, s’asseoir et prendre la route du rêve et promener son indolence et laisser progressivement une douce torpeur vous envahir sans que l’on sache pourquoi. Oui, vous êtes déjà parti, sans en avoir été conscient, emporté par un faiseur de songes, à petite vitesse, l’œil élargi, attentif à tout ce qui pourrait retenir votre attention : un lapin dans le champ d’en face, la nouvelle automobile d’un voisin, le cri d’un faisan qui s’envole majestueusement devant vos roues, le passage d’une femme dans la rue, les bras chargés de fleurs. Et chacune de ces images évoque en vous d’autres images, floues, en lien ténu avec l’objet regardé, mais qui vous emplissent de bien-être. Peu à peu, vous sentez monter en vous la liberté des jours de vacances en un pays ignoré. Vous vous allégez et découvrez un espace intérieur vierge, indifférent au quotidien, mais très présent à un monde oublié, celui de la magie de l’étonnement d’un rien et d’une joie vierge de tout souci.

Alors, vous en faites part à celui ou celle qui vous accompagne,  avec des mots très simples, sans littérature, et vous partagez ce moment capital : flotter dans l’espace éthéré et intemporel que procure l’habitacle de votre véhicule qui lui-même vous entraîne en des lieux devenus inconnus. C’est bien sûr quelqu’un que vous connaissez bien, sinon pourquoi partir avec lui dans ce voyage intemporel ? S’il s’agit de l’aimé(e), vous êtes comblé(e) doublement puisque ces instants resteront des jalons de fusion fondés sur un presque rien qui devient un trésor partagé.

Puis, vous prenez imperceptiblement le chemin du retour, par des voies détournées, vous rapprochant insensiblement du retour aux réalités, et vous rentrez rasséréné, léger, comme un fantôme dans une maison à laquelle il est attaché. Et le soir, dans votre lit, vous vous endormez, la fenêtre ouverte sur la réalité nouvelle d’un monde toujours à découvrir.

 

 

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