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11/07/2016

Le nombre manquant (30)

Le lendemain, nous entrâmes, Claire et moi, au bar Fontana di Trevi. Ce n’était qu’une modeste gelateria, mais ses glaces étaient réputées. Le professeur était assis sur une chaise près de la porte d’entrée. Il fut surpris de me voir avec Claire qu’il supposait se trouver à la villa Médicis. Cela nous permit de gagner du temps.

– Que faites-vous là ? lui demanda-t-il aussitôt.

– Eh bien, professeur, lui répondis-je, nous sommes intéressés par votre confrérie. Vous avez aimablement invité Claire Pertuis, une collègue, à une réunion pour vous servir de secrétaire. Elle connaît maintenant votre intérêt pour la cosmologie et plus particulièrement ce qu’on appelle l’infini et le néant. Je vous avoue que nous aussi sommes particulièrement attentifs à toutes les découvertes et rapprochements pouvant exister dans ce domaine, que ceux-ci soient d’ordre physique et mathématique ou spirituel et psychologique. Nous savons que vous avez fouillé dans notre base de données et fait quelques modifications. Hier, vous avez à nouveau utilisé le terme d’orez et j’avoue que nous attendons de vous quelques explications.

– Ainsi, c’est vous qui disposez d’une base de données intéressantes, mais qui contient une erreur. Soit. Je reconnais cette ingérence. Mais avant de vous expliquer quelles sont mes raisons, je voudrais vous expliquer de manière plus implicite ce que nous recherchons. Claire a dû vous l’expliquer en partie. Mais elle ne possède pas l’ensemble des clés lui permettant de comprendre toutes nos motivations.

– Ne croyez-vous pas que vous avez fait une erreur en prenant votre secrétaire avec vous pour cette réunion ?

– Non, je ne le pense pas et d’ailleurs sa présence ici le confirme. J'ai bien fait puisque vous m’interrogez sur nos motivations.

– Mais elle aurait pu être une espionne qui s’ingérait dans votre organisation et vous prenait vos idées pour les exploiter d’une manière qui ne vous convenait pas.

– J’ai eu suffisamment l’occasion d’examiner le comportement de ma secrétaire pour constater à la fois sa curiosité et sa droiture.

– Au fond, que cherchez-vous avec votre confrérie ?

–Nous sommes un ensemble assez hétéroclite de personnes aux motivations différentes, mais qui ont également un but commun : réconcilier la science et la religion, les deux pôles de l’intelligence humaine qui semblent jusqu’à maintenant fondamentalement opposés. Nous pensons que cette réconciliation amènera irrémédiablement la paix entre les hommes par la synthèse entre la croyance sans preuve et la conviction expérimentale sans révélation intime. Cette réconciliation amènera une nouvelle ère d’entente entre les hommes, une élévation dans la manière de penser les problèmes et de trouver les méthodes pour les résoudre. Nous recherchons la synthèse entre la matière et l’esprit, ce qui représente une aventure humaine extraordinaire qui vaut les efforts que nous entreprenons.