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11/04/2016

Trou noir

J’ai erré longtemps dans un vide collant
Je n’en sortais pas, attaché à mon personnage :
Que lui arrive-t-il, que devient-il ?
Les jours passèrent, lentement, rageusement
Je ne trouvais pas la sortie
J’ai tenté plusieurs fois diverses hypothèses :
Meurt-il maintenant ou plus tard ?
Part-il sous d’autres cieux ou d’autres temps ?
Je revenais au point de départ
Sans comprendre quels étaient les enjeux
Rien. Toujours rien.  Encore rien.
Puis un jour, le personnage prit la parole :
« Laisse-moi faire ! Je sais ce qu’il m’advint »
Alors, sans hésiter il s’empara de mes doigts
Les mit en mouvement au-dessus du clavier
Et écrivit sans réfléchir la fin de l’histoire
C’était bon de se laisser faire
Cela coulait de source, une vraie fontaine
L’eau débordait de ses conduits
Coulait à flots dans les vasques sèches
Et mouillait de larmes de bonheur
Mes joues enfiévrées et creuses
Je ne pouvais pas crier : « J’ai trouvé ! »
Il avait pris ma plume, guidé ma pensée
Soulagé ma tension, ouvert mes yeux
Désormais, je ne dirai plus « je »
Le récit s’impose parfois en dehors de soi
Il te précède dans l’obscurité froide
Et chauffe ton corps d’un doux élixir
Qui perce la lourdeur de l’inconnu
La route s’éclaire bien que tu ne saches pas
Où te conduit ta main
Mais qu’il est bon de se faire guider
Et d’arriver avec soulagement
A la fin de l’histoire et du cauchemar
Dans un ravissement porteur
Des plus belles promesses
Qu’un écrivain puisse rêver et vivre

©  Loup Francart