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18/08/2014

Informatique

On aime, non pas d’amour, mais d’utilité, cet engin qui vous livre tout prêt le produit de votre pensée, résumé, mis en page, quasiment pesé et empaqueté. Quelques clics, trois ou quatre touches caressées, mise en route de l’imprimante qui doit vous sortir « La Page », belle comme une image.

Mais hier, tout est différent. Vous vous réjouissez comme à l’accoutumée. Vous rêvez déjà devant cette page emplie de signes qui disent tout de ce que vous pensez. Vous posez votre doigt sur la souris. Elle accepte cette pression douce. Mais la machine fait Couic. Vous pensez vous être trompé. Vous reprenez votre registre de contrôle, suivez la procédure tel un cosmonaute accompli, vérifier à deux fois avant d’appuyer, sûr de vous, la touche correspondante et Couic à nouveau. Que je suis maladroit ! Vous exclamez-vous. Vous reprenez la procédure, cochant d’un trait de crayon chaque étape de l’envol. Vous arrivez au bout de la check-list, fier de vous, en bon ingénieur accompli. Vous vous réjouissez doublement en fin de liste lorsque toutes les tâches ont été menées, dans un ordre parfait, respectant toutes les procédures compliquées qu’impose l’impression d’une simple feuille de papier. Coup de doigt : Couic !

Pourtant est-ce si compliqué de changer l’impression habituelle du format A4 en format DL, vous savez, ces cartons allongés sur lesquels votre esprit erre comme sur la plage, tout en longueur et, en trait fin, et suit le fil de l’horizon qui s’arrête hors de votre vue. Vous avez bien suivi les consignes : mise en page correcte, vous vérifiez la taille de la feuille, l’orientation, les marges. C’est OK. Vous cliquez sur le volet impression et vérifier les paramètres : c’est la bonne imprimante sélectionnée, impression recto, orientation, marges, format, tout est OK. Vous entrez dans les propriétés de l’imprimante : là, il faut dire que les choses se corsent. Bien sûr la notice est en anglais. Non pas la langue de Shakespeare, mais le sabir habituel des machines imaginées par un européen, conçues par un indien, fabriquées par un chinois et mis en vente par un américain qui empoche la mise. Oui, vous aviez peut-être oublié de modifier le format du papier au niveau de l’imprimante, ce qui crée des disjonctions entre l’ordinateur et la fonction impression. Alors vous recommencez pour la troisième fois le déroulement de la check-list, espérant, et ne faisant qu’espérer cette fois-ci, que cela marche. Vous appuyez d’un doigt incertain sur la touche… Couic. Rien ! Pas le moindre frémissement dans la machine. Elle est devenue un corps inanimé, misérable tas de ferraille et de beaucoup de plastique. Elle a perdu son âme à qui pourtant l’on demande peu, juste un tour dans l’essoreuse pour voir sortir à l’autre bout une feuille noircie correctement.

A ce point de votre démarche vous commencez à vous énerver. Si je ne suis pas foutu d’imprimer une simple feuille de papier, comment pourrai-je écrire un livre, vous dites-vous. Vous doutez de votre agilité d’esprit, mais comme aucune autre idée ne vous vient à l’esprit et que c’est bien la panne complète dans votre petite tête, vous appelez le spécialiste de l’informatique. Il arrive, sûr de lui. Il reprend la check-list et d’un léger sourire appuie sur la touche Impression : couic… Ah, dit-il, laissant trainer la fin du mot, la bouche légèrement entrouverte, l’air un peu dépité. Il reprend bien sûr la procédure avec plus d’attention comme vous l’avez fait vous-même quelques minutes auparavant. Appui : couic ! Il se lance alors à corps perdu dans un interrogatoire sous Google, est submergé de réponses et clique sur la première. C’est le site des fanas de l’informatique ou des paumés de l’informatisation. Les premiers répondent aux questions bêtes des seconds qui chaque jour envoient leur message de détresse à des correspondants diplômés se trouvant à l’autre bout du monde. Il faut bien sûr user du traducteur automatique pour comprendre leur langage, et encore, vous n’en comprenez que la moitié. Mais lui, l’informaticien diplômé, comprend tout, sans traducteur. Fermez votre ordinateur et relancez-le. Il n’y croit pas, mais il essaye toujours. Cette fois-ci la check-list est plus longue, cela prend bien cinq minutes avant que la machine pensante puisse dire à la machine imprimante ce qu’elle veut. Et celle-ci se met à gronder ! Elle vrombie, laisse entendre qu’elle va fonctionner, et… Elle fonctionne. Quel bonheur ! Bien sûr, vous jetez un œil sur la feuille sortie de la fente. Déception. Vous constatez que les couleurs se sont dédoublées : le bleu et le jaune n’imprime pas du vert, mais un tas informe de couleurs sales. Votre informaticien ne s’en émeut pas. Son diagnostic : décalage ! Il faut recaler. Alors il procède à une nouvelle check-list, glisse une feuille de papier blanc dans le bac, lance le monstre qui imprime une nouvelle page. Déception, les couleurs restent brouillées. Nouvelle interrogation des spécialistes sur la toile. L’une des réponses énonce : éteindre la machine et la laisser reposer une heure. Elle repartira en ordre, heureuse de vous faire plaisir. Ben voyons ! Tentons tout simplement d’arrêter les deux machines et remettons-les en route. Tout ceci est fait en moins de dix minutes. Pas couic, mais à nouveau des couleurs qui s’entrechoquent. Alors de guerre lasse et parce qu’il est tard, vous raccompagnez à la porte l'expert qui rentre chez lui dépité. Nous verrons demain…

Le lendemain, jour nouveau… L’expert arrive, recale les modèles de format, appui sur "imprimer" et… miracle… la feuille sort, impeccable de netteté et d’arrogance. Pourquoi ? Nul ne le sait hors de l’expert qui seul a dompté la machine rebelle. Il repart, monté sur des roulettes et s’évade vers l’horizon, me laissant pantois, mais heureux. Tout reprend comme à l’accoutumée.