Elle avait rêvé longtemps de cette soirée à deux, dans cette douceur crépusculaire, côte à côte, sur le banc des accusés. Elle en avait imaginé le décor, soigné, net comme un tribunal, le bois ciré des murs, les fauteuils rouge carmin, l’appariteur chaussé d’espadrilles, une respectable chaleur régnant dans la salle. Assise sur le banc des prévenus, elle papillonnait gentiment, inconsciente de son avenir déchu. Elle répondait d’une voix égale, ni trop charmeuse, ni trop effondrée. Dans son malheur, elle résistait à la tentation de se laisser aller. La présidente sortit un moment, levant...

Lire la suite 0